WordPress ou l’avènement du préfabriqué


C’est officiel : depuis mars 2018, plus de 30% des sites web tournent sous WordPress. Aux côtés d’autres solutions pré-conçues comme Joomla, Drupal ou encore Wix, wordpress s’impose comme la solution de création de site web pour petits budgets. La firme a même lancé son CMS de e-commerce, WooCommerce qui vient directement s’opposer à l’autre grande solution du marché, Prestashop.

 

WordPress pour le meilleur…

Les développeurs full-stack comme moi, les puristes du code « from scratch » , grincent des dents. De plus en plus les projets nous échappent : même sur des demandes très spécifiques, il existe toujours un ou plusieurs plugins WordPress qu’on peut fusionner, modifier, détourner, de manière à répondre, de façon plus ou moins bancale, au projet le plus précis.

Et tout ça à petit prix : les demandes de devis fleurissent sur les sites de freelance, avec des TPE/PME qui veulent un site pour 250€, ou carrément un CRM en ligne pour moins de 1000€. Difficile pour les freelance experts qui proposent des tarifs autour de 300-500€/jour. Particuliers comme professionnels n’avaient déjà pas l’habitude de mettre beaucoup d’argent dans leur vitrine en ligne, la profusion d’offres et le démontage des prix par des sociétés de portage exilées en Tunisie et au Maroc n’arrangent pas les choses. Aujourd’hui les gens associent le web à la notion de « pas cher »… Probablement car ils n’ont pas les compétences nécessaires pour prendre conscience que derrière ces prix toujours plus bas, c’est la qualité qui diminue en premier lieu.

Alors quand on décide de se mettre à son compte, force est de constater que les 3/4 des demandes de prestations concernent du WordPress, et que la plupart du temps des gars avec des prix 2 fois plus faibles que le notre se placent en premier plan. C’est leur dada : justifier de « plus de 80 projets WordPress menés à bien » et ainsi asseoir leur capacite à pondre du CMS vite… mais pas forcément bien.

 

… et pour le pire

Car beaucoup de sites font l’apologie du CMS. « Formez-vous en une semaine » qu’il disait. Envie d’une reconversion facile ? Mettez-vous à WordPress. Vous n’aurez pas besoin de savoir coder : juste un peu de HTML et de CSS feront l’affaire pour customiser le site. Au pire un peu de PHP que vous irez glâner sur des forums, en copiant/collant des portions de code auxquelles vous ne comprenez pas tout. Les normes PSR ? Pas besoin, je code tout seul. Les poids et les conflits CSS ? Tant que ça ne se voit pas… Des performances déplorables ? Non mais il faut acheter un serveur plus puissant, c’est tout. Des problèmes de sécurité, vous dites ? Mais non, les gars de WordPress ont déjà pensé à tout !

Ben voyons…

Ce qui fait la force de WordPress fait aussi sa faiblesse : des milliers, voire des centaines de milliers de thèmes et de plugins en tout genre, répondant à tous les besoins possibles et imaginable. Une sorte de Lego géant au format web, si vous préférez. Un Lego dans lequel toutes les pièces peuvent s’imbriquer les unes dans les autres, mais sans que cela ne vous assure que la construction finale sera harmonieuse, ni même solide. Empiler des briques ne fait pas une maison.

Si un système de notation et de relecture permet d’éviter les souci sur les plugins les plus téléchargés, il faut se méfier comme de la peste des petits plugins. Car on en revient à ce que je disait plus haut : on a tellement parlé de WordPress, que tout le monde se prend pour un développeur. Faire un plugin qui fonctionne, c’est presque facile. Mais quand on ne connait rien à la sécurité sur internet, aux normes de code, à la façon dont notre bout de code va venir s’insérer dans la machine qu’est WordPress, on peut rapidement des failles de sécurité et de gros soucis de performances.. Et nuire à nos clients.

S’il y a bien un sujet qui croît aussi vite que les tutoriels WordPress sur le web, ce sont les articles concernant ses failles de sécurité.

 

Préfabriquons intelligemment

Mais alors faut-il fuir WordPress ? Surement pas ! Si la communauté l’a adopté, c’est qu’il performe. Moi-même j’ai décidé de m’y mettre car il représente un formidable potentiel d’accélération de projet. Il fournit une base solide avec un système de gestion de contenu et d’utilisateurs, ce que tout développeur rechigne à devoir redévelopper à chaque nouveau projet.

Ce qu’il faut, c’est utiliser WordPress intelligemment : ne pas hésiter à débourser quelques dizaines d’euros pour un thème premium, qui aura été développé par des professionnels, et approuvé par la communauté, avec un support en cas de besoin. Embaucher des développeur aguerris qui ne connaissent pas que WordPress, mais ont aussi travaillé sur du PHP purs, voire des technologies plus avancées comme Symfony, Zend, Magento et autres frameworks.

La qualité d’un développeur ne se juge pas qu’à sa capacité à rendre un produit rapidement et à faible coût. Elle se juge aussi sur la vision critique de son travail, et sa capacité à vous conseiller.

 

Posez-vous les bonnes questions quand vous recherchez un freelance..!